Samedi après-midi, Michael reprend contact avec Kitty.

                   Malgré une dizaine d’appels et trois messages, Kitty n’avait ni décroché ni rappelé de toute la matinée.
« Je suis sûre que ça lui fait plaisir que tu insistes. Alors joue le jeu. »
Il avait également essayé de joindre les parents de Simon. Sa mère l’avait rappelé du commissariat pour lui expliquer que l’interrogatoire de Simon devait se prolonger jusqu’en début d’après-midi.
Apparemment, il n’était pas vraiment fatigué et n’avait pas subi de mauvais traitement pendant sa disparition. Il maintenait fermement qu’il avait fait une fugue et qu’il n’avait été accompagné ni influencé par personne. Cette version posait manifestement un problème aux policiers.
Elle était évidemment soulagée mais elle répéta à plusieurs reprises qu’elle ne comprenait vraiment pas ce qui s’était passé. Michael n’osa rien lui répondre...
Après le repas au restaurant, Michael s’installa vers 14h30 devant son ordinateur. La boîte de dialogue de Kitty était ouverte :


« - Kit j c ke t la
- Non
- Rpon stp
- Sui pala. A lundi.
- T rpon si j tel ?
- Ec. »


Et elle attendit la cinquième sonnerie avant de répondre.
« - Alors, tu as le temps de me parler aujourd’hui ?
- Je t’ai appelée toute la matinée.
- Le samedi matin, j’ai des choses à faire.
- Peut-être mais il s’est passé des trucs importants.
- Oui mais tu ne me tiens au courant que quand ça t’arrange.
- Tu dis ça pour hier ? Mais j’étais crevé ! En plus, j’avais dû tout expliquer devant ma mère...
- Et moi, pendant ce temps, je me demandais si t’allais pas finir la nuit au poste, accusé de je ne sais pas quoi... C’est bien beau d’appeler en urgence : « Ils me prennent pour un complice. Je dois voir ta sœur. » Moi, je sèche les cours, je t’aide à convaincre Betty qui, depuis, me fait la gueule et après, plus rien. Comme si t’étais allé chez le dentiste ou chez le proviseur.
- Excuse-moi.
- Remarque, j’en ai déduit qu’ils n’avaient pas trop dû te mettre la pression.
- Euh... ils ne m’ont pas mis au trou mais quand même... En plus, devant ma mère...
- De toute façon, Simon est revenu. Tu n’as plus besoin de moi.
- C’est quand même un peu plus compliqué que ça entre nous, non ?
- Oui mais, hier soir, tu m’as vraiment vexée alors...
- Excuse-moi. A chaque fois que je pense me débrouiller seul, c’est n’importe quoi. Il faut juste que je change un peu ça, c’est tout. C’est vrai que, hier soir, je n’ai pas fait ce qu’il fallait. Et ta sœur, ça va ?
- Toujours rien. Elle est certaine d’avoir été complètement prise pour une conne. C’est terrible, tu sais... J’espère que jamais personne ne me fera ça.
- C’est sûr. Dès que je pourrai voir Simon, je verrai s’il peut me dire quelque chose là-dessus.
- Où est-il ?
- Toujours au commissariat. Pratzen a été relâché ce matin. Simon veut leur expliquer qu’il a fait une fugue et qu’il n’a croisé personne. Pinter Zymot doit avoir du mal à le croire et il n’a pas envie de le lâcher tout de suite.
- Tu m’étonnes ! J’ai quand même l’impression qu’il s’est bien foutu de nous.
- On a tous eu très peur pour lui. On va au moins attendre qu’il s’explique avant de le juger.
- Et le monde des rêves ?
- Simon a mis les deux pieds dedans. Moi, un et demi. Toi...
- Moi, presqu’un pied.
- Fais quand même attention. Je crois que, passé un certain cap, on ne contrôle plus la situation et on se laisse aspirer.
- Alors c’est peut-être déjà trop tard... Tu m’aideras ?
- Bien sûr... Je crois que, de toute façon, je ne suis pas fait pour y aller tout seul.
- Tu crois qu’on pourra facilement s’y retrouver ?
- Si on en parle, si on s’y prépare à l’avance, ça ne devrait pas être trop difficile. J’ai envie de construire des choses. Pas seulement d’attendre.
- Bon, alors on verra ça. Je te laisse, on finit de se préparer pour partir se reposer un peu ce week-end. On se rappellera plus tard.
- D’accord mais, cette fois, c’est toi qui appelle et je verrai si je décroche.
- C’est ça... Je suis quand même vraiment soulagée pour Simon.
- Moi aussi. Repos pour tout le monde.
- Bon week-end.
-  A plus tard. »

 

 

 

 

                  Michael raccrocha et retourna, un peu rêveur, à son ordinateur. L’écran était resté sur le début de leur conversation.


« ...
- T repon si j tel ?
- Ec. »
C’est alors que Kitty rajouta une ligne :
« -Jtm
- Koi ?
Votre correspondant n’est plus connecté. »


Il était... entre 15h et 15h30.
« Il y a 24 heures, Simon était introuvable et j’étais dans le bureau de Pinter Zymot. »
Au bout d’un moment, son téléphone se remit à sonner.
«  Merde. C’est Simon ! »

 

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