Mardi matin, Michael retrouve Simon au lycée.

            Pendant toute la matinée, Simon et Michael avaient cherché un lieu et un moment pour discuter seul à seul.
Pour Michael, s’isoler n’était pas un défi très difficile : personne dans sa classe n’insistait vraiment pour s’accrocher à lui. Pour Simon, par contre, il était rare qu’il n’ait pas une conversation à terminer avant de pouvoir s’occuper de son « vieux pote des bacs à sable ».

 « - Alors, c’est vrai ? Tout s’est passé comme prévu ?
- Comme prévu... Disons que, oui, j’ai fini par retrouver tous les éléments dont tu m’avais parlé.
- Vas-y, fais-moi la liste. »
Michael sortit le papier que Simon lui avait donné la veille.
« - Non, vieux pote. Dis-le moi de mémoire.
- Minute, papy. Je vais reprendre ça dans l’ordre où je les ai trouvés.
- N’en rajoute pas.
- T’inquiètes...
- C’est dingue, quand même. Tu te rends compte ? On y est presque !
- Mais on est presque où ? On fait ça depuis des années comme si c’était un jeu. Maintenant, tu veux obtenir quoi ?
- Je ne sais pas mais je suis sûr qu’on a un vrai don. Il faut l’utiliser pour aller le plus loin possible. C’est fascinant, non ?
- Oui, c’est intéressant mais de là à en faire une obsession... En plus, ça peut partir du jour au lendemain.
- Oh non. Crois-moi : on a ouvert une porte et on a mis le pied dedans. Il ne reste plus qu’à y entrer tout entiers.
- Où ? Dans le monde des rêves ?
- Exactement. Tu le vois bien, chaque nuit, nous sommes capables de visiter les mêmes endroits, les mêmes espaces. Nous avons chacun nos propres chemins et, pourtant, nous arrivons à décrire les mêmes repères, les mêmes images... Et si nous pouvons, à distance, observer un même rêve, c’est bien qu’il existe quelque part, non ?
- Disons plutôt que tu décris des endroits dans lesquels j’arrive ensuite à me repérer.
- Mais ça c’est parce que tu n’arrives pas encore à contrôler parfaitement tes pensées. C’est comme tout le reste, ça se travaille.
- Tu parles d’un boulot. Avec ça, on pourrait même pas monter un spectacle de cirque...
- Ah non, ça doit rester un plaisir. Faut pas avoir le vertige, c’est tout.
- Et maintenant, on fait quoi ?
- On va encore plus loin. Tu vas voir, dès ce soir, je te réserve une surprise entre la croix et le hibou.
- La croix et le hibou ?
- Oui, ce sont deux symboles que j’arriverai à placer très facilement. Tu n’auras qu’à chercher et attendre un peu.
- Il y aura quoi d’autre comme repère ?
- C’est tout. Ce soir, c’est moi qui t’invite. Essaie juste de ne pas t’endormir avant 23h30.
- Pas de problème... Tu sais, pour montrer que ces espaces existent vraiment, il faudrait pouvoir les partager avec d’autres personnes.
- Pas tout de suite mais pourquoi pas ? Encore faudrait-il trouver quelqu’un qui nous fasse confiance et nous prenne suffisamment au sérieux. C’est quand même un jeu bizarre... Tu as déjà réussi à en parler à quelqu’un, toi ?
- Euh non... ça semble tellement débile.
- Moi non plus.
- C’est vrai ça ?
- En tout cas, pas sous mon vrai nom... Bon, la croix et le hibou, ça ira pour cette nuit ? »


Au même moment, Pinter Zymot faisait le bilan, avec son équipe, de sa rencontre avec le mystérieux Pratzen.
« - Alors, il a laissé des traces ?
- Ben non, pas de salive sur la tasse, pas de trace de doigt sur la table, pas de cheveu sur la chaise...
- On sait donc à quoi il ressemble et qu’il cherche un jeune garçon qui, probablement, lui a envoyé un message depuis un lieu situé à moins d’un kilomètre de la gare.
- C’est court... rien qui permette de le repérer à distance ?
- Faut voir. Et le numéro du taxi, ça donne quoi ? »

 

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