Jeudi midi, Michael déjeune avec Kitty (et le chien).

                  Il était 12h28 sur la terrasse du snack.
« - Tu as rencontré Bertrand Pratzen ? le suspect ?
- Disons plutôt que c’est lui qui est venu me trouver ce matin.
- Il t’a parlé de Simon ? Il t’a dit où il était ?
- Non. Il m’a dit qu’il ne le retenait pas prisonnier. D’après lui, ils se cachent chacun de leur côté et ils se retrouvent seulement pour leurs tests sur le monde des rêves.
- Et ils sont venus chez moi ?
- Non. Toujours d’après lui, la fouille de ta maison était juste une tactique pour stresser tout le monde et convaincre les gens que Simon était bien en danger.
- Sympa, j’en parlerai à ma sœur.
- Comment va-t-elle ?
- Elle ne dit pas grand-chose. Je crois qu’elle ne comprend rien à ce qui lui arrive. Elle dit que ça va mais elle est vraiment nerveuse. Elle surveille son téléphone et ses messageries en permanence.
- Elle attend quelque chose de son mec ?
- Sûrement. Mais plus rien n’arrive.
- Est-ce que ce type pourrait être Bertrand Pratzen ?
- Ca semble totalement impossible. A moins que ce type se soit planqué en ville depuis des semaines. Qu’il ait pris contact avec Betty et qu’ils se soient vus plusieurs fois... De toute façon, elle m’a dit que les flics lui avaient montré plusieurs photos mais qu’elle était sûre de n’avoir reconnu personne.
- Un complice alors ?
- En tout cas, soit le mec de ma sœur n’a rien à voir avec l’affaire soit c’est vraiment une histoire de dingue.
- Pour moi, ça l’est déjà.
- Oui mais quel rapport avec ma sœur ou ma maison ?
- Elle avait bien gardé tes clés le soir où Simon a disparu.
- Oui mais elle me les a rendues.
- Tu as une cave aménagée en chambre d’amis.
- Oui elle a déjà été fouillée, merci. Mais qui pouvait le savoir ?
- Ben, le mec de Betty. C’est sûrement là qu’ils se retrouvaient.
- D’accord, si ce type est dans le coup, tout s’explique mais quand même ! Cette histoire aurait été préparée depuis des mois, tout ça pour enlever Simon et pouvoir entrer dans ma cave ? Il doit y avoir des plans plus simples, non ?
- Evidemment... Il faudrait qu’elle nous explique qui est ce type.
- Peut-être pas tout de suite, alors. J’ai déjà du mal à lui demander comment elle va sans qu’elle s’énerve.
- C’est sûr. »

                  « - Et ce petit chien, qu’est-ce qu’il te veut ?
- Il est venu me voir après ma rencontre avec Pratzen. Regarde. Il adore me lécher la main.
- Donne-lui plutôt un bout de sandwich.
- Je lui en ai déjà donné deux mais il n’a pas vraiment l’air affamé.
- Mais dis-moi... Simon a disparu et tu rencontres le principal suspect. Tu as quand même prévenu les flics, non ?
- Non, même si ça a l’air complètement débile. Pourtant, je n’ai pas arrêté d’y réfléchir toute la matinée.
- Alors tu crois ce que t’as raconté Pratzen ?
- Non plus. En fait, j’ai tellement l’impression d’avoir rencontré Simon dans mes rêves que...
- Que tu penses bien qu’il est toujours vivant et qu’il fait juste ses expériences.
- Ca doit être ça. Alors que tout le monde est persuadé qu’il est en danger...
- Je te comprends un peu. Malgré tout ce qui se passe, je n’arrive pas à prendre sa disparition au tragique. A avoir peur pour lui. Plutôt pour Betty...
- Alors, nous sommes deux malades !
- D’accord. C’est quoi le traitement ?
- Je ne sais pas. Même se reposer et dormir semblent contre-indiqués.
- Tu as rêvé de quoi la nuit dernière ?
- De toi, bien sûr... Non, en fait, d’un grand espace vide et j’ai entendu la voix de Simon m’expliquer à peu près les mêmes choses que Pratzen ce matin. Et toi ?
- De rien... Enfin, je ne me souviens pas avoir rêvé de grand-chose. De toute façon, je n’ai pas beaucoup dormi.
- J’ai un peu peur de ce qui m’attend cette nuit.
- Tu crois vraiment que, en essayant, on pourrait arriver à se rejoindre dans nos rêves ?
- Je ne sais pas. Il faudrait essayer de dormir ensemble.
- Euh...
- Désolé, je plaisante. De toute façon, je n’avais jamais dormi avec Simon avant...
- Avant quoi ?
- Non, non. Jamais.
- Ah, c’est donc ça votre véritable petit secret. Je me disais aussi... qu’il y avait quelque chose.
- Mais oui, bien sûr.
- Imagine que je te dénonce à la police en révélant que, en réalité, vous couchiez ensemble. C’est toi qui irait en garde à vue. En fait, c’est pas ma sœur qui est dans le coup.
- Moi non plus. Je suis innocent.
- Tu caches bien ton jeu surtout. J’en suis sûre, c’est un crime passionnel ! Ou alors tu l’as oublié dans ton placard. Personne n’a encore fouillé ta chambre !
- A part des slips et des chaussettes...
- Les tiens ou les siens ? C’est l’histoire des deux amants qui...
- Finis ta tranche et on y va. Je vais essayer d’aller en cours cet après-midi.
- Dis-moi quand même, entre nous... Tu l’as violé avant de...
- Arrête ! Tu vas faire peur au chien.
- Mais non, mais non. La vérité, c’est tout !
- J’appelle d’abord mon avocat. »

 

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