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Mercredi après-midi, Michael rejoint Kitty chez elle.

                 Tout au long de son trajet, Michael se demanda à quoi pouvait ressembler une maison après le passage d’une fouille de police. Il était 17h17.
En fait, la maison et les meubles ne présentaient pas de traumatismes particuliers ; par contre, les parents de Kitty et Betty semblaient manifestement bouleversés. Leur mère s’agitait nerveusement entre la cuisine, le séjour et la cave. Le père, lui, était au téléphone avec un avocat qui, apparemment, lui demandait de garder son calme.
Kitty, elle, était complètement effondrée et avait du mal à retenir ses pleurs.
“- Que s’est-il passé ?
- Un des officiers qui était au lycée ce matin a débarqué ici pendant le repas et a demandé à pouvoir “examiner de près” la maison. Ils étaient six ou sept. Mon père a voulu savoir pourquoi... Il lui a répondu que la personne qu’ils recherchaient, celle qui avait peut-être enlevé Simon, était sans doute venue chez nous.
- Qui ? Bertrand Pratzen ?
- Je ne sais pas. Il nous juste montré des photos et un dessin. Mon père a d’abord refusé mais l’officier a insisté en disant que, dans ce type d’affaire, tout devait être vérifié le plus rapidement possible... Question de vie ou de mort pour Simon. Ils n’avaient vraiment pas l’air de plaisanter alors mes parents les ont laissé faire.
- Ils ont trouvé quelque chose.
- Ils n’ont rien dit. Ils ont surtout fouillé la cave avec un chien qui reniflait partout mais je crois qu’ils n’ont rien emporté. Ensuite, l’officier nous a interrogés séparément, l’un après l’autre... et, à la fin, il a demandé à Betty de les suivre au commissariat !
- En garde à vue ? Ils pensent que c’est elle ?
- Mais je n’en sais rien ! Ils ont encore dit qu’il fallait tout vérifier tout de suite et que la seule priorité était de retrouver Simon vivant.
- Et Betty ?
- Elle était en pleurs mais l’officier lui a dit qu’elle n’avait pas vraiment le choix. Il valait mieux qu’on le laisse faire. Rapidement et discrètement.
- Alors ils ont vraiment la trouille pour Simon...
- Pourquoi ? Pas toi ?
- Je ne sais pas... Ca semble tellement...
- Est-ce que vous avez fait votre expérience, hier soir ?
- Quoi ?
- Oui, celle de la croix et du hibou.
- Oui mais ça n’a aucun rapport... Arrête un peu de pleurer, s’il te plaît. Betty sera sûrement relâchée ce soir. Tout le monde devient fou mais...
- Michael, je crois que je sais des choses.
- Quoi, sur Simon ?
- C’est totalement débile mais j’ai besoin de savoir exactement ce qui s’est passé hier soir dans votre expérience. S’il te plaît. »

                 Michael raconta alors tous les détails dont il pouvait se souvenir à propos du rêve de la montagne.
La forêt, la rencontre avec Simon, le chemin, le sommet et puis, surtout, la rivière.
Ca lui faisait du bien de parler : il remettait les choses en place et Kitty l’écoutait avec attention. Il était 17h33.

                 « - Voilà... Je ne pouvais tout de même pas leur raconter que Simon avait disparu dans la rivière qui monte au lieu de descendre. C’est...
- Michael, je crois que Simon n’était pas seul, dans ton rêve, avant de te retrouver.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
- En fait, ça fait plusieurs fois que j’écoute ce que tu me racontes et que j’essaie de faire un peu la même chose. Alors, hier, quand tu m’as parlé de la croix et du hibou...
- Non, finalement je n’ai même pas eu besoin de les voir avant que Simon me...
- Moi, je les ai vus ! Je me suis endormie en me forçant à y penser, en essayant de me laisser porter... D’habitude, ça ne marche jamais mais, là, j’ai réussi. C’était dans une forêt, comme celle que tu m’as décrite, et je me souviens parfaitement de les avoir vus. J’étais debout exactement entre les deux !
- Oui... Et Simon ?
- J’étais dans un état très bizarre. J’ai commencé à entendre quelqu’un parler. En marchant un peu, j’ai aperçu deux personnes qui me tournaient presque le dos. Je suis sûre d’avoir reconnu Simon.
- Et l’autre ?
- Un homme pas très grand. Rien de spécial.
- Tu pourrais le reconnaître ?
- Non. Ou alors peut-être sa voix...
- Que disaient-ils ?
- Je pense avoir tout bien compris sur le moment mais, en me réveillant, je ne savais plus trop de quoi je me souvenais... L’homme expliquait quelque chose à Simon. Ils regardaient autour d’eux comme s’ils attendaient quelqu’un...
- Ils t’ont vue ?
- Je ne crois pas... En fait, la seule chose dont je suis sûre c’est que, avant de s’en aller, l’homme a serré la main de Simon en lui disant quelque chose comme : « Bonne chance. A demain. » Et les deux sont partis dans des directions opposées.
- Et je suis arrivé juste après ça... Vers quelle heure as-tu fait ce rêve ?
- Tu as d’autres questions stupides ? J’avais pas de pendule avec...
- Evidemment... Moi, je me suis couché vers 23h30.
- Moi, environ une heure avant.
- Est-ce que ce type s’appelait Bertrand Pratzen ?
- Impossible à dire... Je crois que Simon le vouvoyait. Je pense que, si je l’avais déjà vu quelque part, j’aurais reconnu quelque chose...
- Décidément, c’est vraiment une histoire de dingue.
- Est-ce que Simon est en danger ?
- Et pourquoi les policiers pensaient-ils que leur suspect était venu chez toi ? Ce serait le mystérieux mec de ta sœur ?
- Evidemment, avec l’histoire des clés, c’est ce que j’ai pensé mais je n’ai rien pu lui demander à ce sujet. Qu’est-ce qu’il faut faire ?
- Nous, rien... Nous n’avons aucune révélation utile à faire. Peut-être que, cette nuit, il se passera encore quelque chose. »

 

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