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Vendredi matin, Michael interroge Betty.

Il était 9h25. Michael venait d’envoyer un message à Kitty.
« Pratzen arété. Doivoir Betty tds. Gs pb.
Véchétoi. »
La réponse arriva dès 9h29.
« Atan 10h. Jariv. »


                       Kitty arriva chez elle, toute essoufflée, à 10h04. Michael l’attendait devant le portail.
« - Bertrand Pratzen a été arrêté devant moi ce matin mais on ne sait toujours pas où est Simon. L’officier m’a convoqué au poste cet après-midi. Il pense que je suis peut-être un complice de Pratzen.
- Mais pourquoi ?
- Je t’expliquerai mais j’ai besoin de parler avec ta sœur avant d’y aller. Si j’arrivais à comprendre l’histoire de son mec mystérieux, ça pourrait m’être utile.
- On peut toujours essayer. Viens. »
En fait, Michael n’avait qu’une seule véritable idée en tête : agir. Ne plus attendre. Vu que la situation lui échappait totalement, que pouvait-il faire ?
Il voulait en savoir le plus possible avant d’aller au commissariat et, peut-être, ne pas se contenter de répondre aux questions. Apporter quelque chose. Peut-être. Ne pas attendre. Surtout.
Kitty fit entrer Michael. Betty était devant la télé du salon, seule. Son téléphone serré dans la main. Elle avait l’air fatigué mais elle fit l’effort de leur sourire.
Kitty lui expliqua que le principal suspect de la disparition de Simon avait été arrêté mais que Michael risquait d’être accusé. Pouvait-elle lui expliquer ce que les policiers lui avaient demandé pendant sa propre garde à vue ?
Betty hésita mais elle accepta assez facilement de leur parler.
« Asseyez-vous. » Il était 10h12.
Michael reçut un appel de sa mère. Il ne répondit pas.

                          « - Alors, qu’est-ce qu’ils te reprochent à toi ?
- En fait, Pratzen m’attendait sur la route du lycée et les flics l’ont arrêté au moment où il commençait à me parler.  Et comme ils n’ont toujours pas retrouvé Simon, ils cherchent des complices.
- Oui, un peu comme moi. Ils pensaient que j’avais donné les clés de la maison à leur suspect pour qu’il vienne se cacher ici.
- Et tu penses qu’il est venu ici ?
- D’après eux, oui... Et d’après moi aussi. Leur chien a reniflé des odeurs et ils ont fouillé toute la cave. Pourtant, ce n’était pas pour lui que j’avais laissé les clés.
- C’était pour qui ?
- C’était pour Frank.
- Qui ça ?
- Un copain... Un type que j’ai rencontré sur un forum il y a presque six mois. On a discuté. On a sympathisé puis je l’ai rencontré régulièrement.
- En cachette, avec mes clés.
- C’est un type bien mais qui ne peut pas faire ce qu’il veut. Surtout dans la journée. Alors, c’est vrai, je suis plusieurs fois sortie la nuit pour aller le rejoindre. Et puis on s’est vus ici, dans la chambre du sous-sol. Mais c’était la première fois que je lui laissais des clés pour entrer. Mardi soir, il ne savait pas à quelle heure il pourrait venir et il ne voulait pas réveiller les parents. Alors j’ai caché tes clés près du portail.
- Il aurait pu te téléphoner pour que tu descendes lui ouvrir.
- Bon, il m’a demandé ça comme un service et j’ai accepté, d’accord ? On verra plus tard comment tu réagiras quand un mec qui te plait voudra bien de toi !
- D’accord, excuse-moi.
- De toute façon, mardi soir, il n’est pas venu. Pratzen a dû trouver les clés et en profiter... Depuis, je n’ai plus aucune nouvelle de Frank. Donc, pas besoin de m’expliquer que j’ai sûrement fait des conneries, je l’ai suffisamment compris.
- Au bout de trois jours, il peut encore t’appeler. Qu’est-ce que tu sais sur lui ?
- Tout ce que j’ai déjà raconté aux flics. C’est-à-dire rien qui puisse être en rapport avec l’enquête. Il est assez grand, brun aux yeux bleu-gris. Il est assez élégant, il vient d’une famille très riche et très méfiante. Il ne peut pas rencontrer et revoir les filles qu’il veut. C’est pour ça qu’on se cachait.
- Tu crois qu’il t’aime vraiment ?
- Je crois qu’il est bien avec moi... Au fond, je me suis aperçue chez les flics que je ne savais pas grand-chose à son sujet.
- Tu as donné ses coordonnées à la police ?
- Son nom ne leur dit rien. Je ne connais pas son adresse. Juste ses messageries. C’est toujours lui qui m’appelle, en numéro caché. La seule fois où son numéro m’est apparu, c’est sur le message qui m’a prévenu qu’il ne pourrait pas venir mardi soir. Je l’ai lu mercredi matin en me réveillant.
- Tu peux nous le montrer ?
- Oui, je l’ai déjà montré à la police. Ils ont juste trouvé que c’était un numéro sans abonnement. Impossible à identifier. »
Betty fit apparaître le message sur l’écran de son téléphone :
« Désolé pour c soir. Impossible de sortir.
Je pense a toi. F. »
Et le numéro d’envoi était affiché en haut du texte.
« - Merde !
- Quoi ?
- Non, rien.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu connais ce numéro ?
- Non, j’ai crû mais...
- Ne te fous pas de moi. Dis-moi qui c’est !
- C’est le numéro de Simon... Mais j’ai dû me tromper sur le dernier chiffre.
- Quoi ? Mais vérifie tout de suite !
- Laisse tomber, Kitty. Crois-moi, Frank n’a rien à voir avec ton copain Simon. Il a presque trente ans, il a un boulot et une voiture... Ce n’est pas un ado du lycée. Même déguisé. Je l’ai vu d’assez près pour en être sûre.
- Oui... j’ai vérifié et je me suis trompé sur les deux derniers chiffres.
- Ouf.
- Bon, merci à toutes les deux. Ma mère s’acharne sur ma messagerie, je ferais mieux d’y aller.
- Bon courage pour tout à l’heure. Ne t’inquiète pas. Ils posent souvent les mêmes questions mais ils ne pratiquent pas la torture.
- Apelle-moi dès que ce sera fini.
- D’accord. »
Betty resta assise et Kitty raccompagna Michael jusqu’au portail.
Il se souvint alors qu’il avait quelque chose à vérifier avant de partir.

                        « - Est-ce que tu as rêvé de quelque chose en particulier cette nuit ?
- Oh... j’ai eu une nuit super agitée mais je ne souviens de rien. Je me suis réveillée ce matin complètement crevée et persuadée que Simon était mort. Tu parles d’un rêve ! Pourquoi ? Tu as rêvé de moi ?
- Evidemment. Comme d’habitude.
- Super... Tu t’es vraiment trompé pour le numéro de téléphone ?
- Non... c’était bien son numéro mais ça ne peut pas être lui.
- C’est vraiment une histoire de malades. Allez, vas-y. J’attends que tu m’appelles. »
Il était 11h12.

 

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