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Jeudi matin, Bertrand Pratzen rencontre Michael.

                  « - Vous êtes...
- Je suis Bertrand Pratzen. Et je pense que cela te ferait du bien de prendre un café avec moi.
- Mais je...
- Ou alors un chocolat chaud mais décide-toi vite. J’ai vraiment très peu de temps à t’accorder. »

                  Michael accepta de suivre l’inconnu jusqu’à une table discrète au fond d’une brasserie.
Quelques secondes après leur rencontre, le petit homme avait enlevé son manteau, son chapeau et ses lunettes. D’un simple geste de la main, il avait aussi complètement modifié sa coiffure. Ses cheveux plaqués au gel étaient devenus ondulants et ébouriffés, ce qui lui donnait une apparence beaucoup plus jeune et avenante que sur les photos et le portrait-robot qui circulaient en ville. Michael eut seulement le temps de se dire que « Bertrand Pratzen » avait bien raison de prendre ce genre de précaution.
Il pensa aussi à l’officier Pinter Zymot. Il vérifia que son téléphone était bien allumé dans sa poche.

                  « - Alors, jeune homme, qu’est-ce que tu veux savoir ?
- Ben... Qui êtes-vous ?
- Tu ne préfères pas que l’on parle de ton copain Simon ?
- Qui êtes-vous ?
- Eh bien, comme Simon te l’a sans doute expliqué, je mène des recherches sur le monde des rêves et sur ceux qui sont capables d’y accéder. J’ai longtemps travaillé seul et, maintenant, je me déplace pour rencontrer d’autres personnes qui acceptent de me suivre dans mes découvertes.
- Vous êtes recherché par la police
- Non. Certains policiers se méfient de moi et me soupçonnent mais personne n’a rien à me reprocher. Par contre, c’est vrai que, depuis que je suis ici, la pression autour de moi n’a jamais été aussi forte. Dès mon arrivée à la gare, j’ai été abordé par un flic qui se faisait passer pour un de mes contacts.
- Pinter Zymot ?
- C’est ça. Je suis quelqu’un de très prudent mais il est évident que je ne pourrais pas rester dans cette ville aussi longtemps que je l’avais prévu.
- Vous vous êtes caché avec Simon chez Betty, n’est-ce pas ?
- Non. C’est une tactique assez courante de désigner des personnes suspectes, de fouiller leur maison et même d’en placer quelques-unes en garde à vue. Pour la police, ça ne coûte rien et ça met à cran tous les témoins potentiels. Regarde-toi. C’est idéal pour me faire passer pour un dangereux criminel, non ?
- Ben voyons...
- Pinter Zymot croit qu’il travaille sur une affaire de disparition organisée par un serial-killer. Les affaires d’adolescents disparus sont des enquêtes très sensibles : les parents, les médias, les juges... tout le monde attend des réponses. Tout le monde veut que ça s’arrête le plus vite possible. En mettant la main sur moi, Zymot espère trouver une solution simple pour résoudre plusieurs affaires sinistres mais, crois-moi, il fait fausse route. Je ne veux aucun mal à Simon et je n’ai jamais tué personne. Si Zymot n’était pas intervenu avec toute sa troupe, l’absence de ton copain serait passée quasiment inaperçue et tout serait déjà terminé.
- Et où est Simon ?
- Figure-toi que je ne le sais pas. A cause de Zymot, nous ne pouvons pas rester trop longtemps ensemble au même endroit. Nous nous séparons et nous nous donnons simplement des points et des heures de rendez-vous avant de nous séparer à nouveau. Ce n’est vraiment pas commode pour procéder à mes tests mais je suis convaincu que ton camarade a vraiment des possibilités exceptionnelles. Et toi aussi, d’ailleurs, tu as l’air assez doué.
- Laissez tomber. Je ne suis pas intéressé.
- Ca, je suis sûr que nous aurons l’occasion d’en reparler. Pour l’instant, je voulais juste que tu saches que Simon n’est pas en danger. Et toi, tu dois avoir confiance en ce qui t’arrive.
- Et pourquoi Simon n’est-il pas venu me le dire lui-même puisqu’il est libre et en bonne santé ?
- Il préfère juste ne pas se montrer dans le quartier. C’est assez simple à comprendre. Tout comme il n’utilise plus son téléphone ou ne consulte même plus ses messages. Cela suffirait à...
- Et quand cette comédie sera-t-elle terminée ?
- Pour ce qui est de la « disparition » de Simon, c’est presque terminé. Pour tout le reste, cela ne fait que commencer. Le monde des rêves existe. Fais confiance à Simon, il a toutes les qualités qu’il faut pour aller loin tout en maîtrisant la situation. C’est vraiment quelqu’un de doué. Je dois te quitter. A bientôt, Michael. »

                     Bertrand Pratzen se leva avec un sourire amical et, sans trop y réfléchir, Michael accepta de lui serrer la main. Une légère tape sur l’épaule et l’homme sortit du café.
Michael, lui, resta seul encore un moment. Puis il sortit à son tour et partit dans la direction opposée à celle du lycée.

 

 

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